23 décembre 2010

Typologie des français à Montréal

En guise d'intro

Un français à Montréal c'est à la fois une banalité totale et une espèce de curiosité constamment renouvelée. "Et toi, comment tu trouves ceci ? Comment tu trouves cela ? T'as vu ici ils font ça comme ça, c'est bizarre non ?" Au peigne fin, on passe alors en revue toutes les facettes de la société montréalaise.

Mais ces discussions sont aussi, et surtout, une occasion de s'observer soi-même pour comprendre sa propre culture. Ainsi, on découvre des français arrogants ou arrangeants, gueulards ou discrets, respectueux ou "j'm'en foutistes". C'est une nation entière qui se révèle ainsi au travers des agissements et des opinions de chacun.

Je vous propose de partager ma vision des choses, toute biaisée soit-elle. C'est au moins un point de départ pour aborder la (vaste) question des français à Montréal, et plus généralement des français tout court.

J'insiste rapidement sur ce point : je vais décrire ici des choses comme étant des vérités absolues. En vérité il n'en est rien, c'est simplement pour alléger le style du texte. Je ne suis pas la meilleure personne pour faire ici la description complète et parfaite des différents types de français vivant à Montréal. Disons que c'est une tentative plus qu'un travail achevé.

Les conquistadors

Arriviste de la plus belle espèce, le conquistador est avant tout un individu convaincu au plus profond de lui-même que le Québec est une sorte de DOM ou de TOM. Sans vraiment se l'avouer, il le considère encore comme étant la nouvelle France. Il s’attend donc à connaitre ici le même mode de fonctionnement que celui de la métropole et se plaint, évidemment, que ce ne soit pas le cas.

Un héritage de la colonisation ? Après tout, en France, on a l’habitude de considérer les québécois comme des lointains cousins. En vérité il n’en est rien, c’est juste notre côté conquistador qui parle.

Par ailleurs, le conquistador est une espèce connue et reconnue dans le vocable locale. C'est le fameux "maudit français".


Les raisons qui poussent le maudit français à venir au Québec ? Difficile à dire d'autant qu'ils se font rares de nos jours. En effet, le "maudit français traditionnel" n’a plus court aujourd’hui, peut-être parce qu’ils sont déjà tous repartis en France, ou qu’ils se cachent, ou alors que les nouveaux migrants ne correspondent plus à ce profil.

De nos jours, l'expression "maudit français" est le plus souvent utilisée affectueusement par les québécois pour "niaiser" (charier) les français.

Les francophobes

Voilà un autre type de français cette fois ci très largement répandu et en constante augmentation. Pur français de souche avec toutes ses racines encore là-bas, il a décidé de tout plaquer pour venir s'installer au Québec pour de bon.

Les francophobes se distinguent tous par un sentiment plus ou moins fort d’animosité voire de haine envers la France. Ils sont partis pour une bonne raison et ne comptent plus jamais remettre les pieds dans ce pays maudit. Pas même en vacances. Certains détestent même les français en général incluant ceux qui vivent comme eux à Montréal.

Les babacool

Montréal est une ville qui offre un mode de vie alternatif fait de pique-niques dans les parcs, soirées dans les bars, escapades nature et j'en passe. C’est un pur concentré de « quality time » avec en bonus cette indéfinissable atmosphère qui plane dans les rues, mélange des cultures européenne et nord-américaine.

Les babacool de France et de Navarre viennent ici pour satisfaire leur soif d'autre chose. Et seulement pour cela. Ils n’ont généralement aucune envie de rester sur le long terme ou de s’intégrer (même s’ils disent le contraire). Ils sortent exclusivement entre français (également babacool), et sont là pour profiter à fond !

C’est un peu la version moderne du "maudit français" sauf qu’il est plus sympa que leurs ainés (les "maudit français" d’avant), puisque forcément ils "sur-kiffent" leur vie ici. Après tout dans le mot babacool y a cool.

Dans un sens, et au même titre que les conquistadors, on est tous un peu babacool au fond. C'est certainement la raison principale qui pousse tous ces français à faire le grand saut.

Les sages
  
Arrivés au Québec depuis des années et souvent décidés à faire leur vie ici, ils sont totalement intégrés à la société. Ils représentent un peu la synthèse incarnée des deux cultures.

Là où le sage révèle toute sa profondeur, c'est qu'il a vu les différentes vagues d'immigration de français et dispose d'un certain recul sur les choses.

Les sages confirment que, s’il y a quelques années les gens venaient au Québec parce qu’ils y étaient poussées par des contraintes extérieures, de nos jours ils viennent de leur propre plein gré pour trouver ici ce qu’ils ne peuvent pas avoir là-bas.

Il n’en reste pas moins que les sages sont des gens étranges pour avoir quitté famille et amis et ne plus les revoir que quelques jours par an… Chose que je ne comprendrais jamais.

En guise de conclusion

Prochain article sur les typologies de Québécois ? On attendra quelques années pour ça…  Les commentaires sont les bienvenues.






13 décembre 2010

Un nouveau départ

12 jours, c'est à peu près le temps qui m'a fallu pour réécrire un nouvel article.

Oui mais seulement voilà, on comptera quand même 10 jours à ma décharge pour cause de voyage en France.

Vous avez dit voyage en France ? Mais oui, bien sûr, ce pays magique situé loin très loin de cette contrée-ci, désormais toute de blanc vêtue.

Ce même pays que, 8 mois auparavant, nous quittions la boule au ventre avec le stress d’une nouvelle vie à construire, nous accueillais désormais à bras ouverts avec famille et amis comme témoin. Et c'était comme si rien ne s'est passé, comme si ces 8 mois avaient été un rêve et que notre place était toujours là-bas.

Nous avons vécu pendant l'espace d'une semaine tout ce qui constituait auparavant notre quotidien. J'avais utilisé une formule lors de mon retour d'un précédent voyage : revenir en France après de long mois, c'est vivre l’étrangeté intense de ce que l’on a toujours considéré comme la normalité la plus totale.

Et désormais nous voilà, l'avion atterri sur le sol québécois sur une piste non-déneigée. Non, je ne plaisante pas, notre avion a bel et bien atterri sur de la neige, ou de la glace... Je n'avais pourtant pas vu de ski à la place des roues lors de l'embarquement... bizarre.

Donc, notre avion atterri. Un court trajet jusque chez nous nous fait ensuite découvrir le pays sous un angle nouveau. Désormais 30 centimètres de neige recouvre chaque recoin de Montréal, donnant à la ville des airs de stations de ski. La route n’échappent pas à la règle mais pourtant voitures, bus et taxis foncent sur l'autoroute comme si de rien n'était.

La neige en dessous là ? Peuh ! Pas de problème ! Aquaplaning ? Glissade ? C'est quoi ça ? Décidément, la neige n'a vraiment rien d'extraordinaire dans ce pays.

20 minutes plus tard, pas d'accident, valises posées dans le salon et nous affalés sur le canapé. Le regard au-delà des murs, nous laissons partir nos pensées, pas tout à fait en France, pas non plus à Montréal, heureux dans tous les cas d'avoir passé du temps avec ces personnes qui nous sont chères, heureux aussi de retrouver notre quotidien si doux à vivre.

Comme un nouveau départ, nous redécouvrons cette vie que nous avons laissé, seulement 10 jours plus tôt (ou peut-être était-ce 1 mois ?). Et c'était comme si tout cela avait été un rêve.

Dans notre trop mignonne rue Gilford, passants et voitures circulent paisiblement. Arbres et fils électriques se balancent, saupoudrant tout autour les quelques cristaux de neige que le vent avaient déposées.

Dans le métro ce matin, les gens circulent dans le calme. Mais pourquoi à Paris tout le monde se pousse alors que tout le monde trouve ça désagréable de se faire pousser ? Pourquoi tout le monde est pressé alors que tout le monde aimerait prendre un peu plus son temps ? Qu'elle est cette force qui insuffle aux gens agressivité et impatience, alors qu'ici, même aux heures de pointes quand on est serrés comme de sardines, les gens sont posés ?

Bientôt ce sera le temps du ski, ou plutôt devrais-je dire du snowboard, avec son lot de grosse sensation et de descentes endiablées.

Eh les gars, on se fait un kicker ?